Cet été, pas de grand voyage ! J’ai commencé un nouveau job en juin et j’étais déjà agréablement surprise d’avoir une petite semaine de congés. Avec Stan, nous avons opté pour des vacances sportives dans les hauteurs de ma Haute-Savoie natale. De retour dans mon appartement lyonnais et pour évacuer la déprime post-vacances, je vous propose un article qui retrace mon Tour des Aiguilles Rouges en 3 jours.
Quelques éléments de contexte tout d’abord. Nous randonnons régulièrement, mais avons plutôt l’habitude des sorties à la journée puisque mes parents habitent tout près de Chamonix. Cette fois-ci, l’idée, c’était de partir sur plusieurs jours. Et pas de nuit en refuge s’il-vous-plaît ! Le maître-mot, c’est AU-TO-NO-MIE ! Et pour l’occasion, on n’avait pas lésiné sur le matériel ! Duvet 0°C, réchaud, popote, tente extra light et extra pratique, matelas… Nous y avons mis le budget, mais l’objectif pour nous est de favoriser, à l’avenir, les excursions de ce type. Les refuges c’est bien, mais la satisfaction de se gérer seul, l’impression de ne faire qu’un avec la nature, la vue sur les étoiles, c’est encore mieux ! Enfin, les étoiles, nous en reparlerons un peu plus tard…
Jour 1 : pas de repos pour les braves !
Il est 7h40 et nous venons de laisser la voiture au Col des Montets, nous ne la retrouverons que jeudi si tout va bien. Le temps est avec nous pour l’instant et nous partons en direction du Lac Blanc. Cette randonnée, je l’ai faite de nombreuses fois au cours des dernières années : avec la famille, les copains à qui je voulais faire découvrir Chamonix. Mais la grande première cette année, c’est les 11 kilos que je porte sur le dos ! Et je peux vous dire que ça vous change une balade !
Nous avalons les 900 mètres de dénivelé en trois heures. Cette portion est assez physique mais sans difficulté technique majeure. Il y a bien quelques passages d’échelles qui demandent une attention un peu particulière, mais ces passages ne sont pas exposés au vide. Alors pas de panique, c’est plus amusant que vraiment dangereux ! Si vous devez retenir une chose de la randonnée qui mène au Lac Blanc, c’est qu’elle offre des points de vue absolument magnifiques, notamment sur le glacier d’Argentière et sur le Mont Blanc. Arrêtez-vous au niveau de l’Aiguillette d’Argentière pour admirer le tout ! Le chemin passe par les Lacs des Chéserys. Contournez l’eau et vous aurez la bonne surprise – si le temps le permet – d’admirer le reflet parfait des montagnes dans le lac. Vous aurez droit au même spectacle une fois arrivés au Lac Blanc, mais je vous le promets, on ne s’en lasse pas !
L’heure tourne
Au Lac Blanc, la pause ne durera que le temps d’avaler une barre de céréales et un Ice Tea chèrement payé au refuge. Nous devons repartir vite car la journée s’annonce longue. En théorie, le tour des Aiguilles Rouges est annoncé en 4 jours, mais la première étape s’arrêtant au Lac Blanc, nous avions décidé de la coupler avec la deuxième partie du trek. Nous poursuivons notre chemin, vallonné cette fois, en direction du télésiège de l’Index, à 2385m d’altitude. De là commence une très longue traversée de pierriers. L’intérêt est bien moindre quand on vient de quitter les beaux paysages du Lac Blanc. Nous atteignons le Col de la Glière, c’est ici que nous décidons de fouiller nos sacs à la recherche des bons saucissons et fromages locaux qui vont nous remettre d’aplomb pour la suite du parcours !
La suite consiste à passer le col Cornu puis le lac, Cornu également et qui pour le coup porte très bien son nom. La redescente vers Planpraz est pluvieuse. Notre première difficulté du parcours consiste à réussir à trouver la suite du chemin. A croire que nous avons encore des progrès à faire en ce qui concerne l’orientation via la carte IGN ! L’intuition de Stan s’avère être la bonne : la prochaine étape, c’est une très longue et fatigante descente en direction de Plan Lachat.
Au croisement qui marque le début de la dernière montée de cette première journée, je suis crevée. Le poids du sac commence à être compliqué à assumer ; il a pourtant déjà perdu plusieurs centaines de grammes au profit de celui de mon compagnon ! A cet instant, l’envie de m’arrêter définitivement pour la nuit est forte, en dépit du temps qui ne s’améliore pas. La seule chose qui me force à continuer : impossible de planter la tente ici, il n’y a aucune zone plane et on est en plein milieu de la forêt. Je repars. Les 550 derniers mètres de dénivelé positif pour atteindre le refuge de Bellachat sont littéralement interminables.
Bivouac dans les Aiguilles
Au total aujourd’hui, 11h de marche, plus de 20 kilomètres et 2 100 mètres de D+. Quel soulagement de poser nos sacs ! Mais vous savez quoi ? Qui dit autonomie, dit que la journée est loin d’être finie ! Il nous reste à :
– Planter la tente : on se rendra compte quelques heures plus tard que le replat complètement dégagé, situé en plein courant d’air et qui s’avère être le lieu de prédilection des moutons pour brouter aux aurores n’était pas la meilleure solution.
– Faire notre popote : la nourriture lyophilisée c’est super, mais par définition il faut de l’eau. A 6€ le litre de Cristalline, je peux vous dire qu’on n’en a pas gaspillé une goutte !
Ouuuuf… Enfin l’heure du repos tant attendu. Mais c’était sans compter sur les rafales de vents (j’ai bien cru que ma tente toute neuve allait s’envoler), la pluie battante (en tout cas je confirme, la tente est bien étanche, mais pas insonorisée !), l’orage au loin (pourvu qu’il ne se rapproche pas), et les fameux moutons au matin !
Jour 2 : à la croisée des massifs
Premier constat : je me souviendrai de ma première nuit de bivouac ! Le petit-déjeuner est succulent, est-ce vraiment à cause du bon goût du café soluble ou simplement la conséquence de notre nuit difficile ? Le mystère restera entier !
Quoi qu’il en soit, pas le temps de ruminer. Aujourd’hui, direction le Brévent. Vous connaissez ? Il est célèbre pour plusieurs raisons. D’une part pour sa vue bien sûr, imprenable sur le Mont Blanc. Et parce qu’il s’agit d’un sommet facile d’accès : 2 525 mètres, atteints en deux temps trois mouvements grâce au téléphérique qui porte le même nom. En ce qui nous concerne, pas de remontée mécaniques, tout est dans les jambes ! Le temps d’une petite photo, puis direction le Col du Brévent, 200 mètres plus bas. Après quelques minutes de contemplation, c’est à contrecœur que nous remettons nos sacs à dos : c’est la dernière fois que nous verrons le Toit de l’Europe d’aussi près.
A partir de maintenant, changement de décor radical. C’est la Chaîne des Fiz et le Massif des Aravis qui surplomberont nos têtes jusqu’à demain matin ! Le paysage est passé du gris au vert, il est parsemé de cascades et de ruisseaux, autant de points d’eau qui nous garantissent de quoi nous alimenter pour les prochains kilomètres. La descente jusqu’au Pont d’Arlevé est longue mais très agréable. La montée sur l’autre versant, à l’inverse, est assez rapide mais fatigante. Elle est raide et surtout exposée au plein soleil de l’après-midi.
Pour voyager heureux, voyagez léger
Nous atteignons rapidement le refuge de Moëde Anterne. Et il est à peine 15h, ça nous change de la journée d’hier ! Après une petite pause syndicale, boisson fraîche à la main, nous plantons la tente pour ce soir. Les propriétaires du refuge nous rassurent, en cas d’orage, nous pourrons entrer dans la structure. C’est une bonne nouvelle pour moi, car j’avoue que les souvenirs de la nuit précédente sont encore frais dans mon esprit ! Il nous reste quelques heures avant le dîner. Les sacs à l’abri dans la tente, nous partons pour le Lac de Pormenaz, situé à un peu plus d’une demi-heure du refuge. Personnellement, j’adore cet endroit, ses couleurs, le reflet des Fiz dans l’eau, et même les brebis qui adorent parcourir les alentours.
De retour au refuge, c’est l’heure de l’apéro et aussi d’étudier la carte pour demain. J’en profite pour faire un petit cours de géographie à Stan : derrière le Col d’Anterne, on trouve le lac du même nom et le refuge Alfred Wills. Tout ça me donne des idées pour une prochaine virée !
18h30, l’heure du repas, au refuge cette fois-ci. Petite entaille à la règle de l’autonomie, mais le combo diot-polenta en valait clairement la chandelle ! Ces quelques heures près du refuge nous ont permis de faire connaissance avec quelques randonneurs qui parcourent le même itinéraire que nous et que nous avons déjà croisés plusieurs fois au cours des deux derniers jours. J’en profite d’ailleurs pour vous dire que le tour des Aiguilles Rouges est un itinéraire connu et fréquenté par pas mal de monde. Si vous débutez en randonnée sur plusieurs jours, c’est une bonne formule ! Elle vous garantit un itinéraire balisé facile à identifier dans l’ensemble. Et en prime, le passage par 3 refuges pour boire un coup, vous restaurer ou même dormir !
Ce soir, malgré la belle nuit qui s’annonce, on n’aura pas le temps d’admirer les étoiles. La fatigue nous emporte au pays des rêves en un clin d’œil.
Jour 3 : le bonheur n’est pas au bout du chemin, il est le chemin
Troisième et déjà dernier jour de randonnée. Nous démarrons très tôt mais heureusement, nous avons passé une très bonne nuit. Nous amorçons la descente en direction des chalets de Villy. Le temps est radieux et la chaleur promet d’être écrasante. Heureusement, nous sommes partis assez tôt pour réussir à rester à l’ombre. Cette portion est agréable, sans difficulté majeure, puis nous attaquons la montée vers le Col de Salenton.
J’ai un conseil pour vous. Un conseil important ! Quoi qu’il arrive, fiez-vous à votre propre analyse du parcours. Ne suivez pas bêtement un groupe. Vous vous en doutez, si je dis ça, c’est parce que j’ai… bêtement suivi un groupe ! Résultat, après un passage casse-gueule au possible, quasiment vertical et sur des roches qui se désintégraient à chacun de nos pas : on se rend compte que le chemin pour le col se situe 20 mètres plus bas (les 20 mètres que nous venons de monter), décalé sur la droite ! On a quand même fini par rejoindre le col, non sans mal car la traversée s’est avérée pire que la montée.
Au col, nous retrouvons les trois randonneurs rencontrés la veille. Le temps de partager un café, et nous partons tous ensemble pour la dernière partie de notre trek : une longue descente qui passe par le refuge de la Pierre à Bérard, et qui rejoint la cascade à Bérard. Au passage, si vous êtes dans le coin et que vous vous ennuyez un dimanche, je vous conseille d’aller voir cette cascade. Elle est impressionnante et parfaitement aménagée pour les petits curieux !
Notre virée se termine par quelques centaines de mètres sur la route, le temps de redescendre de notre petit nuage et de nous préparer à retrouver la civilisation.
Le bilan
Un trek facile d’accès (en tout cas si vous le faites en 4 jours, comme le commun des mortels. En 3 jours par contre, la première journée permet d’être sportive !) et des paysages magnifiques et surtout très variés, avec vue sur différents massifs des Alpes. Si vous n’en avez pas assez, les variantes possibles sont nombreuses ! Le terrain de jeu est sans limites, vous n’aurez pas de mal à allonger le tour de quelques jours. Il est également possible de faire le tour des Aiguilles Rouges en prenant la formule refuges. Plus confort et cela vous permettra de partir avec un sac plus léger.
Parce que comme le dit l’adage, « pour voyager heureux, voyagez léger » !
Et vous, votre avis sur la rando dans les Aiguilles Rouges ? Pour les autres, je vous laisse méditer, ce sera peut-être votre prochaine virée en terrain chamoniard ! A très vite pour de nouvelles aventures !
Pssssssst… Vous aimez les Aiguilles Rouges, vous en voulez plus ? Allez lire l’article-bilan de ma traversée hivernale du massif !
Estelle