C’est dernières semaines, le blog n’a pas été très animé. En effet, le dernier article en date raconte une virée ski de rando en Vanoise (à retrouver ici pour ceux qui voudraient prendre une bonne dose de fraîcheur en cette période de canicule !).
Il faut dire que je ne me suis pas ennuyée : un déménagement express, un nouveau boulot et de nouvelles habitudes à prendre. Mais tout ça, c’est surtout un rêve qui devient réalité : maintenant, tous les matins, j’ai vue sur la Tournette en prenant mon petit dej’, et tous les soirs, le lac et les montagnes d’Annecy comme terrain de jeu. Alors, après quelques balades en trail et à vélo, il était temps d’attaquer les choses sérieuses…
Dénivelé : 980 mètres, dont 150 pour l’arête
Distance totale : à la louche, une douzaine de kilomètres
Altitude min/max : 848 / 1 824 mètres
Durée : une journée
Samedi 8 juin, c’est le début d’un week-end de 3 jours, mais le seul créneau météo pour profiter des montagnes. Aujourd’hui, nous nous lançons dans notre toute première course d’arêtes en autonomie complète : la traversée des Dents de Lanfon. Un itinéraire facile, parfait pour débuter en douceur, et qui offre surtout un panorama incroyable sur le lac d’Annecy.
#1 : Randonnée d’approche
Pour cette course, trois approches sont possibles d’après le topo. Nous avons choisi d’emprunter l’itinéraire classique, qui démarre au parking de Villard dessus. Il se trouve que l’approche en elle-même s’apparente presque à une vraie randonnée : comptez environ 1h45 pour rejoindre le départ de l’arête ! L’itinéraire est raide mais facile à suivre, un large chemin qui serpente en forêt, jusqu’à atteindre les Chalets de l’Aulp Riant Dessous. Heureusement, nous avions prévu les baskets, la montée en grosses aurait été un supplice ! De là, la pente est plus douce, on aperçoit déjà les arêtes qui s’étirent côté sud, le col des Frètes et l’arête boisée qu’il nous reste à parcourir avant d’atteindre le pied de la dent sud.
#2 : Traversée des Dents de Lanfon
Arrivés à la pointe sud, nous descendons quelque mètres en versant est, jusqu’à apercevoir le point rouge qui marque le départ de l’itinéraire. C’est enfin l’heure de s’équiper : changement de chaussures, encordement, répartition du matériel. A part le traileur sallanchard qui a oublié ses chaussures d’alpi, nous avons décidé de faire cette course en grosses, plus pour nous habituer aux sensations que pour la technicité de l’itinéraire, qui, je le rappelle, est parfait pour une première course en autonomie !
Nous sommes deux cordées, et c’est une journée Girl Power, puisque c’est Emilie et moi qui guiderons les garçons tout au long du parcours ! Prêts à en découdre, nous attaquons la première étape de cette traversée des Dents de Lanfon, qui consiste à contourner la dent sud en suivant la ligne d’un câble. Nous remontons un couloir facile et gagnons rapidement la brèche, qui sépare le pilier sud de la dent suivante. C’est le premier joli point de vue sur le lac d’Annecy depuis que nous avons quitté la voiture, et il annonce une journée magique !
Jardinage sur les Dents de Lanfon
A partir de la brèche, nous prenons la mesure de la difficulté (relative certes, mais souvenez-vous qu’on débute…) à s’orienter sur cette arête aux mille et uns passages ! Le topo indique deux options, soit le contournement de la dent par le sentier, soit la poursuite sur le fil jusqu’à rejoindre deux anneaux de rappel.
En ce qui nous concerne, nous avons mixé ces deux options, pour en faire un itinéraire un peu à la carte, par là où on le sentait ! Nous entamons donc la remontée des pentes de la dent n°2 en direction du nord, puis passons en versant ouest. L’occasion de profiter, à nouveau, du magnifique panorama sur le lac et les sommets alentours.
Nous gagnons ensuite l’arête, puis repassons côté est. Ici, nous choisissons de rejoindre la sente en contrebas, il y a bien un semblant de passage sur un surplomb rocheux, mais ne voyant pas ce qui se cache derrière, nous optons pour la solution de facilité ! Nous remontons ensuite une petite dalle pour atteindre un joli rappel d’une vingtaine de mètres, l’occasion pour la petite troupe de pratiquer les manips ! Il nous faut un bout de temps pour descendre ce joli rappel, le temps pour moi de rappeler les manips techniques et pour chacun de reprendre les bons automatismes. Tout le monde s’en sort très bien, les quelques virées encadrées ont porté leurs fruits !
Et en parlant de virée encadrée, si vous voulez vous aussi (re)découvrir la course d’arête en compagnie d’un professionnel, je vous invite à lire l’histoire de ma toute première expérience en la matière : la traversée des arêtes de la Bruyère, fil de roche calcaire tendu entre deux vides, avec vue incroyable sur les Écrins…
Le rappel est derrière nous, nous poursuivons le long du sentier et laissons l’option en 4+ déconseillée par Camptocamp sur notre gauche. Bien qu’elles ne soient pas forcément nécessaires compte tenu du niveau de l’itinéraire, nous prenons le réflexe de placer des protections régulièrement, histoire de nous entraîner à gérer notre matériel et à trouver la meilleure façon de protéger nos cordées. L’ambiance est studieuse, nous plaçons des sangles un peu partout, et même un petit coinceur, pour ne pas les avoir emporter pour rien !
Quelques jolies portions d’escalade
Le chemin se poursuit le long de la troisième dent, qui est en fait une succession de petites dents que nous grimpons, descendons, contournons. Puis, par une courte escalade en niveau 3, nous rejoignons le sommet de cette dent n°3, où nous décidons de faire un pause pique-nique bien méritée.
J’aurais pu rester là des heures, je ne me lasse pas de la vue. Et dire que maintenant, c’est chez moi ! Nous n’en avons pourtant pas fini avec l’arête, il faut donc se remettre en marche. Nous reprenons la progression par une légère descente en versant ouest, jusqu’à atteindre un gouffre étonnant, creusé dans la roche à gauche de la sente. L’assurage y est facile, il y a de bons arbres sur lesquels placer facilement des sangles : ne prenez donc pas de risque inconsidéré et allez y bien assurés 🙂
L’itinéraire descend encore, en direction de la Dent Centrale, la plus haute et la dernière du parcours d’arêtes. On jardine encore pas mal, pas très sûrs de l’itinéraire à emprunter. Finalement, c’est Emilie qui prend les devants et nous déniche un joli passage en versant est. Nous sommes ensuite censés identifier un abri dans le rocher, mais je pense que nous avons pris une sente cette fois trop à l’ouest. Nous distinguons quand même très facilement le fameux dièdre qu’il nous faut remonter pour atteindre le sommet et atteignons finalement le pied de cette dernière ascension. C’est le plus long passage d’escalade du parcours, il est facile (il semblait pourtant assez impressionnant vu du point pique-nique) mais fait vraiment plaisir.
La grimpe se termine en beauté, par le passage d’une curiosité bien connue de cette traversée des Dents de Lanfon : un trou étroit dans le rocher, qui précède l’arrivée au sommet. C’est une véritable aventure, qui nécessite d’abord de retirer le sac à dos, et qui permet ensuite à chacun d’exprimer son propre style… On a tous essayé une technique de passage différente, mais au final, on a tous laissé notre ego au placard !
Enfin, nous débouchons au sommet. Nous avons pris le temps, certainement un peu explosé les timing annoncés au topo, mais nous sommes ravis d’avoir pu effectué ce parcours seuls, autonomes dans nos manips et surtout, avec le sourire tout du long ! Place à la descente… et à l’apéro !
#3 La descente n’est pas une formalité
Descendre. En théorie, c’est quasi fini, la voiture est à quelques enjambées. Eh bien non, pas aux Dents de Lanfon.
Au départ, le sentier, en direction de la dent nord, est bien marqué. Rapidement, nous atteignons un champs de Lapiaz, et là, il faut être attentif et guetter les cairns. Dans la mesure du possible, restez assez près de l’arête, et faites attention aux gorges sur la droite. S’ensuivent ensuite 3 passages de désescalade, ils sont courts mais assez patinés, je vous conseille donc de rester encordés… D’autant plus que la suite n’est pas non plus de tout repos.
Nous retrouvons ensuite la sente, qui se transforme en un beau couloir de terre et cailloux qui roulent en tous sens. Attention à ne pas descendre trop bas, le sentier repart ensuite sur la droite (les marques rouges sont discrètes). Nous apercevons enfin le Chalet de l’Aulp Riant Dessous, que nous regagnons pour reprendre la piste de montée. Sachez qu’il est également possible de bifurquer avant d’atteindre le Chalet, en suivant le sentier bien marqué qui descend en lacets sur la gauche et rejoint la piste un peu plus bas.
La boucle est bouclée, nous retrouvons la voiture et nous nous délivrons de toute notre quincaillerie. Le bilan de cette journée ? Il est 100 % positif ! Cette course est parfaite pour débuter, mais elle ravira aussi les plus aguerris grâce à son joli tracé et son magnifique panorama. D’ailleurs, j’ai déjà dans mon entourage quelques candidats novices que je prendrai plaisir à emmener ! Pour les novices, prévoyez une bonne journée, vous mettrez sûrement plus de temps qu’annoncé car l’itinéraire n’est pas toujours évident. Mais, promis, féerie garantie 🙂
Un grand merci à mes compagnons d’aventure préférés, sans vous, toutes ces virées n’auraient pas la même saveur… Alors, vivement l’Equateur !
Et vous, qu’avez-vous pensé des Dents de Lanfon ? J’attends vos commentaires, et aussi vos suggestions : d’autres courses abordables à me recommander ?
A très vite pour un nouvel article !
Estelle