ÉTÉ 2019. Début août, nous décollons pour l’Équateur, des rêves de montagne plein la tête. Le projet phare du voyage, c’est l’ascension des trois plus hauts volcans du pays : le Cayambe (5 790m), le Cotopaxi (5 897m) et le Chimborazo (6 263 m).
Jusque là, nos plus hauts sommets ont été le Grand Paradis et le Breithorn, à peine plus de 4 000 mètres d’altitude. Alors, pour espérer atteindre les objectifs fixés, il nous faut avant tout acclimater nos organismes à la haute altitude. Dans cet article, je vous propose de partir, avec nous, à l’assaut de 4 volcans équatoriens : un programme d’acclimatation plein de belles rencontres et de beaux paysages.
Rucu Pichincha : acclimatation sur le toit de Quito
Dénivelé : 750 mètres depuis le haut du téléphérique
Altitude min/max : 3 947 / 4 696 mètres
Durée : à la journée depuis Quito, pour profiter du paysage
4 jours après notre arrivée sur le sol équatorien, nous rejoignons Quito après une première phase d’acclimatation tranquille, ponctuée d’une balade autour de la Laguna Cuicocha. Il est temps d’entrer dans le vif du sujet avec le premier sommet du périple : le Rucu Pichincha, qui surplombe Quito du haut de ses 4 696 mètres.
L’ascension démarre en téléphérique : nous quittons l’animation de Quito pour atteindre les 4 000 mètres d’altitude, plus de 1 000 mètres de dénivelé avalés en une dizaine de minutes. Ensuite démarre la randonnée, qui commence par grimper progressivement dans les steppes verdoyantes. Puis, petit à petit, la montée se redresse, jusqu’à atteindre un pierrier assez raide, les 50 derniers mètres de dénivelé avant le sommet. La récompense est de taille, nous sommes fascinés par la vue offerte sur Quito et sur les volcans qui nous attendent dans les jours à venir. La végétation est bien différente de celle de nos Alpes ! Quelle joie d’avoir, pour la première fois, atteint les 4 700 mètres d’altitude…
A la descente, le mal de tête se fait sentir pour Stan et moi, probablement dû à la montée très rapide en téléphérique, et à notre rythme un peu soutenu pour cette première ascension. Pourtant, rien n’entame le moral, et nous sommes prêts à nous mesurer à notre prochain objectif, dès le lendemain matin.
El Corazón : premiers caprices météo
Dénivelé : 750 mètres
Altitude min/max : 4 020 / 4 790 mètres
Durée : une journée
Au matin, nous rencontrons pour la première fois Miguel, le guide équatorien qui nous accompagnera sur nos trois prochaines acclimatations, mais également sur l’ascension des plus hauts sommets prévus au programme. Un personnage attachant, franchement blagueur et parfaitement à l’aise en français (dommage, nous étions pourtant motivés pour pratiquer l’espagnol !). A 6h du matin, nous partons donc tous les 5 pour deux heures de 4×4, et rejoignons la réserve des Ilinizas, située quelques dizaines de kilomètres plus au sud.
C’est partie pour un deuxième sommet d’acclimatation, une rando facile mais assez longue en distance. L’itinéraire démarre tranquillement le long d’une piste bordée ça et là d’alpagas (et quelle envie de leur sauter au cou !). Rapidement, nous bifurquons à droite pour un chemin qui serpente au milieu des grandes étendues de steppes si caractéristiques de l’Equateur, qui nous mènent jusqu’à un col bien marqué.
À cet instant, nous prenons toute la mesure du vent qui souffle, le chemin se poursuit sur l’arête mais nous n’irons pas plus loin. En effet, il nous est presque impossible d’avancer à cause du vent, et Miguel préfère éviter le passage aérien du “Paso de la Muerte” dans ces conditions. C‘est donc 150 mètres sous le sommet que nous stoppons l’ascension. Faute de continuer à grimper, nous profitions d’une pause pique-nique pour continuer à nous acclimater, avant de rejoindre la plaine.
Rumiñahui : s’acclimater au milieu des condors
Dénivelé : 800 mètres
Altitude min/max : 3 800 / 4 600 mètres
Durée : une journée
Après une bonne nuit dans la jolie cabane de Ticatilín, face au volcan Cotopaxi, nous partons pour la réserve du même nom pour notre troisième sommet d’acclimatation : le pic central du Rumiñahui. En quechua, Rumiñahui signifie “œil de pierre”… Un nom qui va comme un gant au géant grisâtre que l’on s’apprête à gravir !
L’itinéraire du jour démarre au lac de Limpiopungo, c’est un vrai petit paradis avec ses pontons aménagés. Nous avons la chance, au passage, d’apercevoir plusieurs chevaux sauvages et pas moins de 7 condors qui nous survolent. Sur la droite de la lagune, le chemin commence progressivement à monter, même paysages d’herbes hautes que ceux que nous parcourrons depuis 2 jours. Nous avons à nouveau la chance d’apercevoir des condors, et distinguons même leur nid dans une falaise. Un spectacle incroyable !
Et puis, petit à petit, la pente se redresse, pour finir en un gigantesque tas de sable, 1 pas en avant en entraînant à peu près 2 en arrière ! Nous atteignons finalement le sommet du pic central, à environ 4 600 mètres. À droite et à gauche, les pointes nord et sud, plus hautes, nous font de l’œil, mais il est temps de nous engager dans la descente. Attention, glissades garanties. Le plus de ce sommet ? La vue imprenable sur le beau Cotopaxi, avec sa pyramide saupoudrée de neige !
Au sommet du pic central du Rumiñahui Vue imprenable sur le Cotopaxi
Iliniza Norte : cache-cache dans la brume
Dénivelé : 1200 mètres, 750 le premier jour, 450 le deuxième
Altitude min/max : 3 900 / 5 126 mètres
Durée : 2 jours (l’ascension est possible sur 1 journée)
Nouveau jour, nouvel objectif. Aujourd’hui, nous partons pour une nouvelle phase d’acclimatation sur deux jours, avec une nuit en altitude. La montée jusqu’au refuge étant assez courte, nous partons assez tard et retrouvons Diego, le second guide qui nous accompagnera pour les prochaines ascensions, à l’entrée de la réserve. Pour la première fois du périple, nous chaussons les grosses, car le sommet prévu le lendemain dépasse déjà les 5 000 mètres.
Le vent est toujours bien présent et, après une montée douce dans les herbes, nous atteignons l’arête, beaucoup plus raide, qui mène au refuge. Ici, c’est l’autoroute des mulets, qui nous dépassent sans un regard et sans le moindre effort, alors que nous luttons contre les bourrasques. Ils montent des sacs de ciments qui seront utilisés pour agrandir le refuge Nuevos Horizones, perché à 4 700 mètres d’altitude. Nous y arrivons vers 15h, et profitons d’une après-midi de repos et d’un bon repas au refuge.
6h, on enfile l’attirail de montagne pour sortir affronter l’Iliniza Norte, notre dernier sommet d’acclimatation. Casque, baudrier, grosses, nous sommes parés à attaquer la montée. Il fait vraiment froid aujourd’hui, et, alors que mes trois compatriotes sont tombés malades un par un au cours des derniers jours, cette fois, je crois que c’est mon tour. Nous montons doucement et atteignons un col. Puis, de là, l’ascension devient plus technique et implique de nombreuses fois de s’aider des mains. L’iliniza est majestueux avec la couche de givre qui recouvre ses pentes nord. J’avance tout doucement, mais bientôt, je n’ai plus la force de poursuivre l’ascension.
Je me sépare de la troupe et redescend avec Miguel au refuge, alors que les autres poursuivent le long de l’arête, entre escalade et rando, jusqu’au sommet. La récompense est de taille comme en témoignent les photos, un vrai cache-cache dans la brume, et même une petite fenêtre pour apercevoir la pointe sud entre deux nuages. Pour moi, la déception est de taille, mais je suis ravie pour mes amis qui cochent leur premier 5 126 mètres du voyage.
4 acclimatations parmi tant d’autres…
Ces 4 acclimatations sont celles que nous avons choisi pour préparer l’ascension des 3 plus haut sommets du pays. Bien sûr, l’Equateur regorge de volcans et les possibilités sont nombreuses. D’ailleurs, n’hésitez pas à me parler d’autres volcans que vous avez eu la chance de gravir !
Nous sommes prêts, il est grand temps de passer aux choses sérieuses… Alors je vous propose de découvrir le récit de notre incroyable ascension du Cotopaxi ! Et, pour ceux qui voudraient vivre une immersion totale dans notre voyage, mon vidéaste préféré vous a concocté une petite vidéo qui retrace pas à pas nos 3 semaines en Equateur…
A bientôt !
Estelle