Depuis mon dernier article sur la traversée des Aiguilles Rouges en skis de randonnée, je suis plutôt passée en mode été ! Le week-end dernier, j’ai démarré la saison d’escalade en extérieur avec quelques couennes à Buis-les-Baronnies. Ce spot plein de grandes voies m’a vraiment donné envie de me mettre pour de bon à la grimpe sur plusieurs longueurs ! Je l’avais déjà découverte à l’occasion d’une initiation avec un guide, mais j’étais encore loin d’être moi-même autonome en grande voie.
Je vous en parlais au lancement du blog, j’ai bien l’intention de devenir autonome en montagne ⛰ aussi vite que possible. Et bien ce week-end, mon acolyte Manon m’a permis d’apprendre et de mettre en application les manips nécessaires pour être autonome en grande voie. Retour sur cette journée bucolique et instructive à Doizieux.
Doizieux, escalade ludique et cadre idyllique
La météo ☀ ne nous avait pas menti, c’est sous un temps magnifique que nous démarrons notre périple pour rejoindre le site d’escalade de Doizieux. Situé dans le Parc Naturel Régional du Pilat, à 30 km de Saint-Etienne, l’endroit est particulièrement relaxant et j’adore y grimper pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le cadre y est magnifique. Avec son petit torrent qui file au pied des voies, son environnement boisé et ses tapis de mousse, on se croirait presque hors du temps. Il parait qu’il est même possible, de là, d’apercevoir le Mont Blanc lors de belles journées, mais je n’ai jamais eu cette chance (mais c’est peut-être dû à ma vue déplorable 🤓) ! Pour y avoir grimpé lors de journées particulièrement chaudes, sachez que le petit vent frais au sommet des voies est extrêmement agréable, surtout en plein été !
Ce qui est également très intéressant à Doizieux, c’est que les voies présentent une grande diversité de niveaux. Beaucoup de voies dans le 5 et dans le 6 notamment, des secteurs d’initiation également, et un équipement béton et rassurant dans l’ensemble. En prime, le site présente plusieurs grandes voies accessibles, qui permettent de se faire la main en escalade multi-longueurs en douceur… Et ça tombe bien, c’est l’objectif du jour !
Pas de bonne séance sans un bon échauffement
Arrivées au parking, on se rend compte qu’on n’est clairement pas les seules à avoir eu l’idée d’investir Doizieux aujourd’hui. Pas grave, avec ses quelques dix secteurs, le site devrait pouvoir contenter tout le monde ! La grande voie que nous visons pour démarrer cette journée se situe quasiment à l’extrémité du site. Après dix minutes d’approche à peine, nous atteignons le secteur “Bichette”… déjà largement peuplé !
Qu’à cela ne tienne, on est quand même là pour grimper. Il est déjà 11h30 et plutôt que d’attendre notre tour pour nous engager dans la grande voie identifiée, nous décidons de gagner un secteur de couenne, à peine plus éloigné, pour nous chauffer un peu. Direction le secteur “Laurence”. On décide de démarrer facile avec une voie en 4c. Vous vous rendrez compte, si vous lisez mes articles régulièrement, que ce n’est pas sur mon blog que vous trouverez de grimpe dans le 7a. Dans l’ensemble, les cotations en extérieur sont bien plus aléatoires qu’en salle, je préfère donc toujours commencer facile pour analyser le niveau de cotation (j’ai déjà eu quelques mauvaises surprises !). En falaise, mon seul objectif est de me faire plaisir et de profiter de ma journée. Les frayeurs et les expérimentations, pour l’instant du moins, je les garde pour la salle 😁.
C’est parti, Bichette !
Notre voie de chauffe terminée, nous regagnons le secteur “Bichette” ou nous espérons que les autres cordées auront libéré l’accès à notre grande voie… Et c’est gagné ! C’est sur la voie du même nom que nous avons jeté notre dévolu. Elle présente trois longueurs : 5a – 4c – 5a, et atteint environ 60 mètres de hauteur. Manon a récemment participé à un stage grande voie, je compte donc sur elle pour me transmettre tout son savoir et me permettre de maîtriser les techniques d’escalade sur plusieurs longueurs.
Avant de nous lancer dans la première longueur, petit rappel de la manip’ de triangulation du relais, que Manon m’a déjà expliqué en salle la semaine précédente. Pour ceux qui n’ont jamais fait de grande voie, je m’explique : en général, contrairement à la couenne, les relais utilisés à la montée ne sont pas reliés. Ils se présentent sous la forme de deux ancrages assez rapprochés dans la roche, mais pas de chaîne entre ces deux ancrages. C’est donc au grimpeur de tête (le premier) de relier ces deux points pour constituer un relais fiable, au moyen d’une sangle et de plusieurs mousquetons. A l’inverse, les relais de rappel sont généralement reliés puisque sinon, cela implique de laisser du matériel (sangle et mousquetons) pour descendre de manière sécurisée.
Une fois les manips bien en tête (sans mauvais jeu de mot 😁 !), je suis prête pour cette première grande voie en autonomie. C’est Manon qui démarre avec la première longueur, relativement courte. Jusque-là, tout va bien : on se voit, on s’entend, donc les manips sont fluides et rapides. Le premier relais étant déjà chaîné, Manon est rapidement installée et n’a plus qu’à ravaler les 80 mètres de corde avant de me faire signe de monter ! C’est l’inconvénient d’utiliser une corde à simple en grande voie : comme il faudra la doubler pour descendre en rappel, ça fait toujours beaucoup de longueur de corde à ravaler à la montée.
Aller simple vers l’autonomie en grande voie
Je rejoins mon binôme de cordée sur la vire. Comme nous grimpons en réversible, c’est à moi de m’élancer en tête dans la longueur suivante. 4c, c’est parfait pour ma première expérience de grande voie en autonomie. Je vérifie mon matériel : vache, sangle, reverso, tout est là, donc j’y vais. La grimpe en elle-même se déroule sans problème (l’inverse aurait quand même été inquiétant !). J’arrive sur une vire sur laquelle est placé un relais déjà chaîné. Parfait, même pas besoin de faire la triangulation. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’une deuxième cordée qui me rappelle à l’ordre. Il s’agissait en fait du relais de rappel (puisqu’il est chaîné, vous suivez ?!). Le mien est situé deux mètres sur la droite… et n’est pas relié ! Evidemment, c’est logique, puisqu’il faut forcément deux relais pour que ceux qui descendent ne gênent pas la montée des cordées qui suivent.
Je me retrouve donc face à mes deux points d’ancrage et commence à dégainer le matériel. Première étape, une dégaine dans le point du haut. Elle servira de point de renvoi (première dégaine) pour la longueur suivante, et en même temps de mousqueton pour la sangle. Ensuite, un mousqueton à vis dans le point du bas. On passe la sangle en haut, en bas, on triangule, on fait un nœud… Je ne suis pas mécontente de mon premier relais. Ok, le mousqueton principal n’est pas hyper centré et je n’ai pas mis la dégaine dans le bon sens, mais j’ai compris la manip : encore une ou deux longueurs et je serai autonome !
Une fois mon relais installé, je me vache, ravale la corde et installe mon reverso pour faire monter Manon. Cette fois-ci, c’est un sans faute ! Un point tout de même sur la communication non-verbale s’impose : sur cette longueur, nous ne nous voyions plus mutuellement, et le vent compliquait la communication. Ça n’a vraiment pas été simple de faire comprendre à Manon que mon relais n’était pas terminé, puis qu’elle pouvait enfin monter ! Elle m’a finalement rejoint sur la vire, et nous avons mis en place quelques gestes distinctifs pour nous comprendre : “si je tire deux fois sur la corde, c’est que j’attaque à monter !”, “et moi, si je tire très vite, c’est que tu peux ôter ton système d’assurage !”. Manon reprend la tête de cordée pour la dernière longueur, en espérant que notre petit langage codé fonctionnera pour la suite !
Time to go down, down, yeah
Après les manips de montée, il est l’heure de pratiquer celles de rappel histoire de regagner la terre ferme. J’ai encore de bons restes suite à mon initiation à la course d’arêtes de l’été dernier, et donc pas de difficultés à placer mon machard et mon reverso. Le plus dur dans l’histoire était tout de même de gérer les 80 mètres de corde : entre trouver le milieu et lover la corde pour éviter qu’elle s’emmêle lorsque nous la lancerons dans le vide… on à dû mettre aussi longtemps à descendre qu’à monter ! Mais les sensations sont là, et j’adore cette impression de voler que me donne le rappel !
Quand y’en a plus, y’en a encore !
Il est déjà près de 15h, et la pause pique-nique s’impose 🍕. Une fois rassasiées, nous sommes bien décidées à nous attaquer à une deuxième grande voie. Nous décidons finalement de refaire la voie “bichette”, mais cette fois en inversant la cordée : je ferais deux longueurs en tête, et Manon la longueur du milieu. Pourquoi repartir dans la même voie ? D’abord, parce que les autres voies possibles sont d’un niveau un peu plus soutenu et que l’objectif d’aujourd’hui est de nous concentrer sur les manips de corde. Mais aussi parce que j’ai vraiment apprécié cette voie, surtout la dernière longueur, et que je voulais faire les deux longueurs que j’avais passées en second en prenant la tête !
Au final, nous avons été bien plus efficaces sur ce deuxième essai ! Les manips étaient fluides et rapides, la communication bien meilleure. Après cette journée, je me considère enfin autonome en grande voie ! Certes, il y aura toujours des situations improbables auxquelles je ne serai surement pas préparée, il faudra pratiquer, mais je connais les techniques de base et serai même capable de les transmettre à mon deuxième partenaire de grimpe préféré ❤ ! Je n’ai plus qu’une envie : partir dans des voies de plus de longueurs, histoire de me faire une belle journée en paroi. D’ailleurs, j’ai déjà une petite grande voie en ligne de mire sur le site de Rochetaillée, toujours dans le Pilat ! Peut être un article-bilan de cette grande voie très bientôt, qui sait ?! 😉
Et vous, vous avez des grandes voies en stock que vous pourriez me conseiller pour parfaire ma technique ?
A très vite pour un nouvel article,
Estelle