Dénivelé : 1 100 mètres depuis le refuge José F. Rivas
Altitude min/max : 4 800 / 5 897 mètres
Durée : dans la nuit (départ à minuit, sommet vers 6h, puis redescente au refuge vers 8h30)
Le Cotopaxi. Avec ses 5 897 mètres d’altitude, c’est le volcan actif le plus haut du monde, et le deuxième plus haut sommet du pays. Mythique en Equateur, il est aussi connu de tous les montagnards en quête d’aventures lointaines, et, pour nous, c’était la montagne à ne pas manquer. Presque le point d’orgue de nos 3 semaines à la découverte du pays. Sa forme pyramidale parfaite, son cratère de 700 mètres de diamètre, ses crevasses XXL et ses fumées odorantes. Une expédition rêvée, planifiée, puis tant de fois imaginée avant d’enfin nous y mesurer.
Pourtant, il aura surtout été capricieux. Franchement capricieux même, à jouer à cache-cache avec les nuages et à s’attirer les tempêtes. A tel point que nous avons bien failli ne jamais arriver au bout ! Récit de l’ascension du Cotopaxi, entre désillusion, inquiétude et euphorie.
Tentative avortée
Notre histoire avec le Cotopaxi a démarré a peu près au milieu du voyage. Au douzième jour après notre arrivée à Quito, notre guide Miguel nous récupère dans son bolide pour nous emmener au parc national du Cotopaxi.
L’espoir fait vivre
Toute la team est pleine d’espoir… Pour vous donner quelques éléments de contexte, après quelques sommets d’acclimatation dont 3 réalisés avec notre duo de guides Miguel et Diego, nous avions déjà tenté, 2 jours plus tôt, l’ascension d’un premier sommet : le Cayambe, 5 790 m. Malheureusement, une tempête de neige nous avait contraints de rester au refuge, et après une nuit passée à espérer une fenêtre météo, nous étions redescendus bredouilles.
Cette fois-ci, la voiture ne nous mène pas directement au refuge, mais environ 200 m en dessous. Nous vérifions les sacs et démarrons la montée, droit dans la pente, dans un vent à faire planer un alpaga. Deux cents mètres, suivant les conditions, ça parait long, alors c’est tout de même le soulagement lorsque nous atteignons le refuge José Rivas. 19h, on se couche tous en croisant les doigts, bien décidés à atteindre le sommet au prochain levé du jour…
Mais entre espoir et déception, il n’y a qu’un pas
Cette fois, quand j’ouvre les yeux, aucun doute n’est possible. L’avantage, c’est qu’on n’a pas passé une nuit aussi saccadée qu’au Cayambe. Non, parce qu’on a dormi bien plus qu’espéré, le dieu de la météo a encore frappé. Deuxième tempête de neige (ça commence à ressembler à de l’acharnement), deuxième journée cloîtrée au refuge.
Le moral des troupes est au plus bas et nous discutons de la suite, et surtout du Chimborazo prévu pour dans deux jours. Le plus haut sommet du pays, avec ses 6 268 mètres. Le problème, c’est que jusqu’ici, on a quasiment pas dépassé les 5 000 m et qu’on se sait pas très bien comment on va réagir à l’altitude. La décision finale tombe : nous remonterons ici dans deux jours, pour retenter l’ascension du Cotopaxi…
L’ascension du Cotopaxi, la vraie
Jour 15 du voyage, et nous sommes de retour au refuge pour tenter l’ascension du Cotopaxi. Après une journée au magnifique lac de Quilotoa (dont je vous parlerai très vite dans un autre article), nous sommes frais et plus optimistes que jamais. Cette fois-ci, nous pouvons mettre le nez dehors et prendre quelques photos souvenirs du couché du soleil.
23h, le réveil fait mal. Mais le ciel est dégagé et le vent peu violent, la fameuse fenêtre météo est enfin là ! Après un petit-déjeuner express, nous franchissons la porte du refuge pour aller nous mesurer à notre objectif du jour. Première étape : 350 mètres de dénivelé en lacets dans la terre volcanique ocre qui caractérise le Cotopaxi. Nous les avalons à bon rythme, en silence, à la lueur de nos frontales bien vissées sur nos casques.
Premiers pas sur le glacier du Cotopaxi
Rapidement, nous atteignons la calotte glaciaire, premier arrêt pour chausser les crampons et former les deux cordées. Nous avons déjà dépassé les 5 000 mètres, mais jusque là, tout va bien. Et comme le répète sans arrêt Miguel, nous progressons “DESPACITO“, à un rythme tranquille mais constant.
Nous sommes encordés assez court car il y a peu de dangers sur la trace bien marquée. Pourtant, partout autour, on aperçoit des crevasses. On dirait plutôt des monstres, presque des cathédrales creusées dans la neige. Le pas n’est pas très serein, mais ces géant donnent une ambiance envoûtante à cette montagne iconique !
Cathédrales glacées… Watch your feet !
Les playmobils se mesurent aux crevasses @playmobilsenvadrouille
Pour mon binôme et moi, l’altitude se fait sentir par à-coups. C’est plus léger que ce que je m’étais imaginé, pour une première virée à plus de 5 000 m. Mal de tête léger, quelques nausées par moments, mais dans l’ensemble, nous avons l’énergie et surtout l’envie d’aller au sommet !
Peu avant 5h, nous atteignons la fameuse barre rocheuse nommée Yanasacha, point de départ de la rampe du même nom, un passage un peu plus raide de 250 mètres environ. Il fait toujours nuit, et nous sommes obligés de ralentir un peu le rythme pour ne pas atteindre le sommet avant le levé du jour (trop rapides, qui l’eût cru !).
Victoire au Cotopaxi
Les derniers mètres sont difficiles, mais plus à cause de l’odeur que de l’altitude. Le volcan est actif, et l’odeur de soufre est vraiment tenace et désagréable. Enfin, nous atteignons le sommet. Il fait jour, certes, mais on ne voit pas à 3 mètres, et on croit le guide sur parole quand il nous dit que le gigantesque cratère du Cotopaxi est juste là, derrière l’épais brouillard. On l’aura faite, cette ascension du Cotopaxi ! Une belle revanche prise tous les 4. Pour Stan et moi, c’est aussi, à ce jour, notre plus haute expérience en montagne, autant vous dire qu’on n’est pas prêts de l’oublier… Quelques efforts, encore, pour redescendre au refuge, que nous atteindrons vers 8h30, parmi les premières cordées du jour.
Cette expérience unique fut l’un des points d’orgue de nos vacances. Entre frustration et euphorie, déception et fierté, inquiétude et impatience, tellement d’émotions se sont finalement mélangées. Et, plus que tout, elle nous aura appris ce que vivent tellement d’alpinistes, comme c’est dur de devoir capituler, d’attendre, de voir toujours les bons côtés. Je savais, mais maintenant j’en ai fait l’expérience : en montagne, il faut plus que tout savoir renoncer. Et puis, qu’est-ce qu’elle serait dame montagne, sans sa dose d’imprévu ?
Ne partez pas trop loin, je vous prépare d’autres articles relatifs à ces 3 semaines à la découverte de l’Equateur… D’autres sommets, des paysages, de la culture, des animaux, tout ça, bientôt sur le blog ! Et, si vous préférez la version vidéo… Voici les images de nos trois semaines en Equateur !
Estelle
PS : Notre principale pensée au sommet, elle était pour vous Chloé et Nico… De 2 mètres, nous avions balayé votre Kilimandjaro… Alors, pour remettre les compteurs à zéro, pas le choix, la prochaine virée, ce sera tous les 6 😉