Vue sur la Mer de Glace au début du Balcon Nord, Virée Verticale

Boucle du Balcon Nord au départ de Chamonix

Capitale mondiale de l’alpinisme, sanctuaire des sports de nature, carrefour polyglotte des amoureux des sommets : plus qu’une ville de haute montagne, “Cham” est un art de vivre. Chamonix la Mythique, là où les grands rêveurs vivent de nature et d’eau fraîche. Certains, j’en fais partie, ont la chance d’y avoir appris à aimer l’aventure. Parce que chaque nouvelle virée en terrain chamoniard est comme un shot de bonne humeur, je vous y embarque volontiers, pour une randonnée le long du Balcon Nord. Du Montenvers au Plan de l’Aiguille, une traversée saisissante au pied des arêtes acérées, les yeux rivés sur la vallée.


Itinéraire sur-mesure

Tout d’abord, cette randonnée présente un avantage non négligeable : elle est modulable ! En fonction de la forme du jour ou des participants, 3 versions sont envisageables :
• La boucle complète au départ du parking des Planards, c’est l’option que nous avons choisie
• La traversée du Balcon Nord uniquement, en empruntant le petit train du Montenvers à la montée et le téléphérique du Plan de l’Aiguille à la descente (ou vice versa !)
• L’option intermédiaire, avec montée en téléphérique et descente à pied, d’un côté ou de l’autre, ou inversement.

En ce samedi du mois de juin, la météo capricieuse des dernières semaines nous offre une fenêtre qui devrait tenir toute la journée. Nous décidons donc avec Marie de nous lancer dans la version intégrale, avec départ des Planards. Et juste pour vous, parce que je suis gentille, voici, en téléchargement, le tracé GPX de ma boucle du Balcon Nord 😉


Chamonix – Montenvers : à la poursuite du petit train

A 9h, la voiture est au parking et nous sommes toutes les deux fin prêtes à nous attaquer à la montée. Ce sont deux heures de grimpette à travers la forêt verdoyante qui nous attendent. Par deux fois, nous traversons les rails du petit train à crémaillère, attraction qui enchante les touristes décidés à mettre un pied sur ce qu’il reste de la Mer de Glace. C’est une partie de cache-cache géante qui s’engage, mais jamais nous ne tomberons nez à nez avec l’engin rouge. Seuls signes de son passage régulier : le vrombissement du moteur et quelques éclairs colorés aperçus à travers les arbres. Dommage pour les photos ! 6 km et près de 800 mètres de dénivelé plus tard, la récompense est là, sous nos pieds.

Rails du train du Montenvers, Virée Verticale
Les rails du Montenvers, l’empreinte de l’Homme dans l’immensité des montagnes

La Mer de Glace n’est autre que le plus grand glacier français, avec ses 40 km² de superficie, ses 7 kilomètres de long et ses 200 mètres d’épaisseur en moyenne. Pourtant, il faut aujourd’hui redoubler d’imagination pour apercevoir, sous les amas de roche grise, la grandeur de la bête. L’escalier qui conduit à la Mer de Glace vaut toutes les démonstrations du monde. En 2017, on y compte 480 marches, quand les photos d’archive de 1960 affichent des vagues turquoises qui flirtent avec le pilier du télécabine. Depuis 1830, la glace a reculé de 2,5 kilomètres. Elle n’en reste pas moins une attraction à la beauté grave, chargée d’histoire, qu’il est grand temps de monter admirer… Avant qu’il ne soit trop tard !


Montenvers – Plan de l’Aiguille : traversée du Balcon Nord

A ce stade, nous démarrons l’itinéraire du Balcon Nord, promesse d’une randonnée aux points de vue saisissants, aussi bien sur les Aiguilles de Chamonix que sur le Grand Balcon Sud, qui s’étend de l’autre côté de la vallée. Jusqu’au signal de Forbes, à 2 204 mètres d’altitude, l’ascension est un peu rude. En effet, il commence à faire chaud et la montée jusqu’au Montenvers à laissé des traces de fatigue. Mais la vue est incroyable, sur la Mer de glace, sur les Drus dans notre dos. De plus, le chemin est agréable et facilement praticable. Malgré le manque de panneaux, impossible de se perdre, il n’y a qu’à monter. Là-haut, les efforts sont récompensés par une vue à 360 degrés. C’est ici que nous prenons une pause pique-nique, accompagnées d’une colonie de Chocards à bec jaune à la recherche d’un morceau de pain oublié.

Juste après le Signal de Forbes, nous sommes confrontés à un premier névé, assez long mais sans risques et facile à traverser. La suite, au contraire, s’annonce un peu plus compliquée. A peine 200 mètres et un second névé nous barre la route. A la différence près que celui-ci ne nous laisse pas droit à l’erreur : il nous faut marcher, avec précaution, sur un fil de neige coincé entre d’énormes rochers et un ravin interminable qui descend vers Chamonix. Marie combat son vertige avec brio mais appréhende un peu la suite.

Traversée d'un névé - Virée Verticale
Traverser les névés, c’est savoir faire confiance à ses bâtons… et à ses crampons !

Fort heureusement, des promeneurs arrivant en sens inverse nous confirment que nous atteindrons le Plan de l’Aiguille sans problèmes. Rassurées, c’est presque avec plaisir que nous poursuivons notre chemin, entre passages caillouteux et grandes étendues de neige. Sur cette portion, le dénivelé est moins important, le chemin plus vallonné. Au loin se découpe la gare d’arrivée du télécabine, preuve d’une présence humaine dans cet écrin de nature ou les aiguilles sont reines.

Encore deux heures d’effort, et nous sirotons un Coca bien mérité au Bar de l’Aiguille. C’est un retour un peu brutal à la civilisation, l’endroit est assailli par les touristes étrangers venus gambader dans la neige. Mais nous ne nous attardons pas, il nous faut maintenant rallier Chamonix.


Plan de l’Aiguille – Chamonix : retour vers la Vallée

En repartant, nous pensions laisser la neige là. Le cœur léger, nous passons le Refuge du Plan et prenons le chemin qui descend à droite. En effet, des travaux sur le câble étant en cours, le chemin de gauche est théoriquement fermé. Sauf que, 100 mètres plus loin, nouvel obstacle : on ne voit ni le bout du névé, ni la suite du parcours, et ça n’a vraiment pas l’air safe.

Retour au refuge, où le gardien nous conseille en fait de prendre le chemin de gauche. Il est effectivement fermé, mais pas de travaux sur le câble aujourd’hui, donc on ne risque rien ! Finalement, nous avons pris la bonne décision. Ce sentier est un peu plus long, car il s’éloigne sur la gauche pour revenir vers le téléphérique, mais beaucoup moins risqué compte tenu des conditions actuelles. Et en prime, nous avons la chance d’admirer le magnifique Glacier des Bossons, point d’orgue d’une autre belle rando : celle de la Jonction.

Un parapente au dessus du glacier des Bossons, Virée Verticale
Un surfeur des airs, prêt à atterrir sur un océan de glace…

Par un sentier à la végétation dense, nous descendons tranquillement les 1 200 mètres qui nous séparent de Chamonix. Près de deux heures, puis nous déboulons sur le parking du téléphérique de l’Aiguille du Midi. Dernière étape : traverser Chamonix pour retrouver la voiture, qui nous attends sagement au parking du télésiège des Planards. La boucle est bouclée, le massif du Mont Blanc aura encore une fois tenu ses promesses.

Derniers instants d'une journée hors du temps, Virée Verticale
Derniers instants d’une journée hors du temps

Comme souvent en montagne, cette rando a eu son lot de surprises… Mais c’est presque pour mon plus grand bonheur ! De nos jours, alors que tout est planifié, organisé, contrôlé, n’est-ce pas parfois une chance de laisser place à l’incertitude ?

Une chose est sûre, le Balcon Nord représente un itinéraire incontournable pour qui passe quelques jours dans ce haut lieu de la montagne qu’est Chamonix. Que vous soyez marcheur chevronné ou plutôt balade en famille, vous en reviendrez émerveillé. Pas d’accord, ceux qui s’y sont déjà aventurés ?

Je vous laisse à votre préparation, et attends vos retours de ce bel itinéraire !

Estelle

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